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J'ai suivi avec intérêt, en tant que maîtresse d'école maternelle, la conférence de Monsieur Jean-Paul Mugnier, directeur de l'institut d'Etudes systémiques à Paris et auteur de plusieurs ouvrages portant sur la question de la maltraitance.

L'enfant abusé

Selon Monsieur Jean-Paul Mugnier, 3 (voir plus jeune encore) à 5 ans est l'âge propice pour les agressions sexuelles (60%).

Dans tout abus, il est important de nommer les faits de violence précisément pour ne par courir le risque de ne pas comprendre l'état de souffrance de l'enfant.

Dans cette situation, l'enfant se pose toujours 2 questions:

- Pourquoi moi? pourquoi c'est moi qui ai été choisi pour faire ces choses dégoûtantes?qu'est-ce qu'il y a en moi? Et l'enfant se répond "C'est parce que j'avais déjà des idées dégoûtantes"Et c'est là le risque de pathologie d'identité puisqu'il pense que c'est lui qui déclenche l'idée de l'agression!A-t-il le pouvoir de pervertir l'autre..l'enfant ne se voit pas comme victime, mais comme agresseur

- Est-ce que plus tard, je pourrai faire la même chose? La personne qui écoute l'enfant doit le rassurer et lui dire que c'est normal qu'il se pose la question

Chez l'enfant abusé,on peut observer plusieurs symptômes:

- symptômes non-spécifiques: psychose, anorexie, toxicomanie, hyperactivité, enfant hyperperformant en classe,...

- symptômes spécifiques : masturbation compulsive, exhibition, autopénétration et même expérience avec animaux...

Le drame de l'enfant, c'est quand le symptôme n'est pas compris comme un langage pour se protéger de la souffrance. la question principale à se poser : "qu'est-ce qui fait que cet enfant a encore besoin de ces symptômes pour se protéger". A quel moment surviennent-ils ? Dans quel contexte?

Les enfants courent également le risque d'idéaliser l'agresseur! (ex"Je ne peux pas croire que mon père me battait sans savoir pourquoi...moi, je n'en connais pas les raisons, mais lui sait pourquoi. La seule façon de réhabiliter le père...c'est de perpétuer le même acte en le reproduisant à son tour)

Risque de la répétition ?

Le souvenir de ce drame est perçu tout au long de la vie sous forme d'image, de flashs. L'enfant est envahi par ces images et lutte constamment pour ne pas l'être (le rassurer et lui dire que c'est normal) et ceci pendant toutes les périodes de sa vie.

A la puberté, il peut ressentir tout cela de façon amplifiée, voir violente! C'est vécu comme quelque chose de persécutant et pas normal (avec toujours la même culpabilité :"C'est en moi parce que j'en ai toujours envie"). Le dévoilement est difficile parce qu'il faut garder le statut d'être humain vivant et survivre avec tout ça!(le stress du dévoilement est important)

Scénarios des hommes  (ou femmes) qui craignent de devenir abuseur (e) (dans le texte ci-dessous tout est au masculin, mais malheureusement tout peut être mis au féminin...)

Après une rencontre, Pierre (homme fictif) va rencontrer Marie. L'annonce de l'arrivée du premier enfant va être vécu difficilement :

P.voit son corps d'enfant abusé dans le corps de l'enfant à naître.ça peut être un véritable cauchemar pour lui. C'est souvent à la deuxième naissance, qu'il peut y avoir passage à l'acte!

- le père cogne dans le ventre de la mère, "je vais te le faire passer". Pour lui, provoquer un avortement est un crime moindre que ce qu'il pourrait faire à l'enfant après sa naissance...

- le père va présenter une panne sexuelle pendant la grossesse de sa femme: P. a peur de commettre un inceste précoce, peur que son sexe pénètre le bébé!

Premiers symptômes chez les hommes qui ont peur de devenir abuseur :

- arrêt de la sexualité

- besoin d'alcoolisation

- indifférence affective face à sa femme ou son enfant (peur par exemple de se retrouver seul face à l'enfant)

- homme qui impose à leur femme une sexualité pulsionnelle (pour être sûr de ne plus y penser face à l'enfant). C'est alors vital pour lui, sinon, il court le risque d'être victime de ses pulsions!

- demandes sexuelles particulières et pas partagées avec sa femme...sans évidemment jamais préciser le pourquoi de sa peur ( peur de perdre l'estime de l'autre)

- très souvent, le 2ème enfant est une catastrophe pour l'homme ("Si Marie m'aimait vraiment, elle devrait comprendre ce que j'ai tenté de lui dire à la première naissance...") Pierre vit cette naissance comme un désaveu. En fait, Pierre attend de Marie, la protection d'une mère!

Pierre va finir par se raconter une histoire et se convaincre que Marie ne l'a pas soutenu et qu'il abuse de l'enfant pour se venger!

L'abuseur va également profiter de la mauvaise relation mère-enfant !

A ce stade, l'agresseur à conscience du mal qu'il fait à l'enfant .Très souvent, ces hommes ont la conscience du mal qu'ils ont vécu!

Le passage à l'acte est l'amplification des symptômes !

Symptômes (alcoolisme, déchéance sociale, violence, extrêmes rigidités dans l'éducation (...pour se redresser eux-mêmes), crise mystique ("Dieu lave plus blanc")

Je ne sais pas encore ce que je pourrai faire de tout ça dans ma profession...mais cet éclairage me paraît important !

Bibliographie de Monsieur Jean-Paul Mugnier

- "la mort dans l'âme" (roman), Harmattan

- "les stratégies de l'indifférence" ,ESF

- "l'enfance meurtrie de Louis-Fernand Céline", Harmattan

- "l'ombre du mal", édition Fabert